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Numéro 42 Juillet 2018
Développer la démocratie européenne implique
la reconnaissance idéologique et institutionnelle du multiple

Ont participé à ce débat :

Monique Chemillier-Gendreau, professeur émérite de droit public et science politique

Christine Lazerges, présidente de la CNCDH, professeur émérite de l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne

Philippe Lazar, directeur de Diasporiques/Cultures en mouvement
Joël Roman, philosophe.

Résumé

Quelques critères caractérisent ce qu’on appelle habituellement une démocratie, au rang desquels le respect du suffrage universel, la prise en compte formelle du pluralisme, la préservation des libertés civiles, la diversification des pouvoirs publics, la généralisation du débat politique, le niveau de culture politique des citoyens. Certains d’entre eux sont formellement reconnus par les États qui, au sein de l’Union européenne, se disent aujourd’hui « illibéraux », à commencer,  au moins apparemment le premier, mais au détriment des autres et notamment de l’indépendance de la justice, de liberté de la presse, de la séparation des pouvoirs, du rôle du Parlement, etc. Réduire la démocratie au seul respect du recours direct au peuple par le suffrage entraîne à l’évidence sa complète dénaturation. Il en est de même s’agissant du refus de prendre en compte le « multiple » au profit d’une revendication identitaire. Or le principe « d’identité nationale » que promeuvent les populismes gagne incontestablement du terrain, en particulier à l’est de l’Union (mais pas seulement !) alors que celle-ci pourrait avoir pour vocation de gérer la multi-appartenance de ses citoyens actuels et de ceux que ne manqueront pas d’y introduire les mouvements migratoires qui ne pourront que s’accentuer dans les décennies à venir.

L’Union européenne n’a jamais pris conscience de l’originalité politique et de l’avancée de ce qu’elle aurait pu représenter du point de vue démocratique : être une nouvelle communauté politique ne se substituant pas aux communautés politiques préexistantes mais cohabitant avec elles. En appliquant réellement le principe de subsidiarité et en traitant à son échelle la question de la gestion des migrations qui est au cœur des dérives populistes, c’est-à-dire d’une menace majeure de la démocratie au sens où nous l’entendons : une organisation politique respectueuse de valeurs essentielles, à commencer par le respect de l’altérité.

Thèmes abordés dans l'article

Convictions, Appartenances, Institutions politiques, Démocratie, Institutions judiciaires, Union européenne, Droits de l'Homme

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